vendredi 8 août 2014

et là bas, plus de traces? (retro movie, mais nous sommes toujours là;-)


http://www.dailymotion.com/video/xkk7hd_les-fibulines-revelation-dacc-2011_creation de la résidence des Fibulines au Moulin de la Clochette, à Salornay sur Guye

La municipalité de Salornay sur Guye et l’association DACC (Développement des activités culturelles en clunysois) nous invitent aux installations des artistes en résidence. Ce mois d’août : Elsa Le Boudec et Elodie Bernigal. Le lancement de leur résidence avait lieu hier soir. Impressions.

Quand Elsa parle, elle lâche dans un souffle des lambeaux. Des lambeaux de phrases qui portent en elle le condensé d’Elsa.
Elsa n’aime rien tant que couper, déchirer les tissus, les étoffes, puis assembler. Elle a créé les 1001 vies de Fibuline pour ça, et aussi pour y associer des gens, des êtres, tous, de toutes sortes.
Elle n’aime rien tant qu’assembler.
Alors quoi qu’elle fasse, il se dégage toujours cette extraordinaire alchimie : de lambeaux, de bribes, de morceaux, de bouts de rien, il sort une belle densité, cohérente et forte.
Assembler : textile, musique, danse et chant.
Bernard Rambaud, percussionniste et compositeur, ne s’y est pas trompé, qui met son talent et tous ses savoir-faire au service des spectacles d’Elsa, et qui est présent, cette fois-ci au titre de parrain, aux côtés d’Elodie Bernigal, révélation DACC 2011 : ils nous offrent des extraits de leur spectacle « Medievalse ».
Elodie Bernigal a la fraîcheur et le charme de sa jeunesse. Mais pas seulement. Elle a une belle présence dont elle sait doser les effets. Tantôt discrète (elle s’efface au profit d’un autre artiste), tantôt forte, tantôt actrice, tantôt clown, elle maîtrise cette voltige avec beaucoup de simplicité, c’est donc qu’elle domine son art. Mais pas seulement. Elle joue de l’accordéon, sa tenue de scène, création d’Elsa, lui va à la perfection. Mais pas seulement… Il faut venir l’entendre chanter : son timbre de voix lui permet de passer avec vélocité du clair au corsé, du chuchoté au grave, une pointe de rauque, une pointe d’aigu, elle joue sur l’intensité, elle joue sur du velours. Aisance. Elodie chante des chansons dont elle a écrit les textes sur les musiques composées par Bernard Rambaud, lequel a sa densité propre : sur un temps très court, il propose des registres très différents, dont des clins d’œil à la Buster Keaton. Comme tous ceux qui maîtrisent l’instrument, il peut en jouer, et ne s’en prive pas, mais le tout est tiré au cordeau.
Elsa, fée de la rivière du Moulin de la Clochette dévide une pelote de laine, sertissant ainsi les arbres, les adultes, les enfants. Travail d’inclusion, ferme et doux. XXX , jusque là plaquée contre un arbre, va alors se mettre en mouvement : ceinturée de liens dont une extrémité est nouée à l’arbre, elle va lentement se dénouer, parmi le public, avec sensualité et générosité, jusqu’à se libérer de la corde et s’enraciner sur une souche, réussissant l’exploit de la proximité sans agression, de la beauté du mouvement sans prétention aucune. Une très belle prestation, accompagnée par des vocalises d’Elodie, tendue alors vers la danseuse pour saisir le geste et le soutenir de sa voix, sans jamais l’écraser.
Nous étions tous rassemblés, assemblés, mêlés aux artistes, aux arbres, au ciel, on ne savait plus. Le plus petit, le méprisé, l’infime, était ainsi exhaussé au rang d’objet digne, ce dont tout le monde sort grandi. Cette collaboration d’artistes aussi différents que talentueux et exigeants, dans laquelle chacun prend sa place, garde son identité propre, aboutit cependant à un fondu harmonieux : c’est le talent d’Elsa et c’est là sa grâce.
 
F. Saint-Arroman
 

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